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Excavatrice à l’orée de la forêt. Octobre 2013. Photo Marc Wendelski.

Le livre de Marc Wendelski est sorti en décembre 2014 mais les difficultés de la COP21 à prendre des mesures radicales et efficaces le rend toujours plus actuel. De quoi s’agit-il ? Depuis la décision allemande de sortir du nucléaire, les grands groupes énergétiques ont misé sur le charbon et notamment la lignite qui peut s’exploiter à ciel ouvert. Entre Cologne et Aix-la-Chapelle, la forêt de Humbach est désormais le terrain de jeu d’énormes excavatrices du groupe RWE. Cette forêt couvre environ un millier d’hectares et elle est considérée comme une des dernières forêts primaires d’Europe. Des militants et des activistes écologistes se sont investis dans sa défense, organisant comme à Sivens, des villages d’abris de bois, de paille et d’argile, perchant des filets de protection dans les arbres, élevant des barrages de bois, creusant des tunnels. En mars 2014, ils ont résisté plusieurs jours à l’assaut mené par 400 policiers mais ont finalement été impuissants devant la destruction de leur camp et l’abattage tout à fait symbolique de chênes tricentenaires. Depuis, ils ont reconstruit leur camp.

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Loni, mai 2013. Photo Marc Wendelski.

Marc Wendelski a passé beaucoup de temps sur le terrain comme en témoignent ses images des paysages de Hambach à plusieurs périodes de mars 2013 à juin 2014. Le livre nous montre ainsi la fragilité de la forêt largement ouverte et les immenses étendues défrichées pour la progression de la mine. Photographies de loin pour le territoire de la mine défendu par les services de sécurité de RWE, la centrale à charbon de Frimmersdorf, les grandes parcelles dénudées en attente des excavatrices. Et photographies de près pour les villages expropriés et surtout pour les défenseurs, leurs installations à terre ou dans les arbres, les « abris communautaires », les braseros, les caravanes « à la disposition des malades ou de ceux qui souhaitent un moment d’intimité ou de calme ». L’intérêt du livre réside aussi dans les portraits de ces militants, jeunes le plus souvent, pris sur le vif de leurs occupations quotidiennes, à consolider leurs cabanes, préparer un repas ou simplement au milieu de la forêt. Cela change évidemment des images médiatiques qui nous les présentent le plus souvent en action, le visage masqué, dans un face-à-face parfois violent avec la police. Ici, le photographe les a interrompus dans leur tâche ordinaire et Loni, Niemand, Lale… se tiennent bien en face de l’objectif , souvent les bras le long du corps, dans une présentation d’eux-mêmes empreinte de dignité et de détermination.